Réparation Kintsugi

L'Art de la Résilience : Le Kintsugi et la Philosophie du Wabi-Sabi

Naissance du Kintsugi

Il était une fois, au cœur du 15ème siècle, un shogun du nom d'Ashikaga Yoshimasa qui régnait sur le Japon. Un jour, son précieux bol à thé chinois se brisa. Attristé par la perte de son objet favori, le shogun l'envoya en Chine pour le faire réparer.

Portrait du Shogun Ashikaga_Yoshimasa

Portrait du shogun Ashikaga Yoshimasa

Des semaines plus tard, le bol revint, mais il était loin d'être le même. Les artisans chinois l'avaient réparé avec des agrafes métalliques, rendant le bol fonctionnel, certes, mais lui ôtant toute sa beauté et son élégance. Le shogun fut déçu. Il avait espéré retrouver son bol dans son état d'origine, pas comme une pièce de métal grossièrement réparée.
C'est alors qu'il eut une idée. Il fit appel aux artisans japonais et leur demanda de trouver une nouvelle façon de réparer la céramique, une façon qui ne cacherait pas les défauts, mais les mettrait en valeur. Les artisans relevèrent le défi et, après de nombreux essais, ils découvrirent une méthode de réparation qui utilisait de la laque mélangée à de la poudre d'or pour relier les fragments cassés. Le bol, une fois réparé, était encore plus beau qu'avant, ses cicatrices dorées racontant une histoire de rupture et de guérison.
Ainsi naquit le Kintsugi, l'art de la "jointure en or". Depuis lors, chaque objet réparé par le Kintsugi est une célébration de ses cicatrices, un symbole de résilience et une preuve que même ce qui est brisé peut être transformé en quelque chose de beau.
Murale en céramique - Kasahara Community Centre - Tajimi
Murale en céramique au Kasahara Community Centre à Tajimi, Japon.

Le Kintsugi et le Wabi-Sabi

Le Kintsugi est intrinsèquement lié à la philosophie du wabi-sabi, un concept japonais qui célèbre la beauté de l'imperfection, de l'impermanence et de la simplicité. Le wabi-sabi nous invite à apprécier les objets et les environnements pour leur authenticité et leur caractère unique, plutôt que pour leur perfection. Dans le contexte du Kintsugi, le wabi-sabi se manifeste dans l'appréciation des objets réparés pour leurs cicatrices dorées, qui racontent une histoire de rupture et de guérison.

Le processus du Kintsugi :

Le Kintsugi est un processus méticuleux et méditatif qui nécessite patience, dévouement et une attention particulière aux détails. Il se déroule généralement en plusieurs étapes, chacune ayant son propre nom en japonais.
  • Shōji (Collecte) : La première étape du processus de Kintsugi est la collecte des fragments de l'objet cassé. Chaque morceau est précieux et fait partie de l'histoire de l'objet.
  • Kansou (Séchage) : Ensuite, les fragments sont nettoyés et séchés. Cette étape est essentielle pour préparer les fragments à l'application de la laque.
  • Sabitsuke (Application de la laque) : Une fois que les fragments sont prêts, ils sont assemblés à l'aide de la laque urushi, qui agit comme une colle. Cette étape est répétée six fois, chaque application de laque étant suivie d'un séchage de trois jours et d'un ponçage pour assurer une finition lisse.
  • Migaki (Polissage) : Après ces six cycles, une laque urushi rouge est appliquée et saupoudrée de poudre d'or, d'argent ou de platine. Cela donne au Kintsugi sa caractéristique unique de lignes dorées. Une fois que la laque a séché, l'objet est poli. Ce processus met en valeur les lignes dorées de la réparation et donne à l'objet une nouvelle vie.
Poudre d'or lors de la dernière étape du kintsugi
Le processus de Kintsugi est une célébration de l'imperfection et de la résilience. Chaque objet réparé est unique, portant les marques de son histoire avec fierté. Le Kintsugi nous rappelle que même les objets brisés peuvent être transformés en quelque chose de beau, et que les cicatrices peuvent être des symboles de force et de renaissance.

Le Kintsugi dans la vie quotidienne

L'art du Kintsugi et la philosophie du wabi-sabi peuvent également être appliqués à notre vie quotidienne, nous aidant à trouver la beauté dans l'imperfection et à embrasser nos propres cicatrices. Le Kintsugi nous rappelle que rien n'est jamais vraiment brisé. Tout comme un bol cassé peut être réparé et transformé en une œuvre d'art, nous aussi, nous pouvons surmonter nos épreuves et nos difficultés et en sortir plus forts. Nos cicatrices, qu'elles soient physiques ou émotionnelles, sont des témoignages de notre résilience et de notre capacité à guérir.
De plus, le Kintsugi nous enseigne l'importance de la patience et de l'attention. Tout comme la réparation d'un objet cassé nécessite du temps et de la concentration, la guérison de nos propres blessures nécessite également du temps et de l'attention. Il est important de se donner le temps de guérir et de prendre soin de soi.
Enfin, le Kintsugi et le wabi-sabi nous encouragent à apprécier l'imperfection. Dans notre quête constante de perfection, nous oublions souvent que la beauté peut se trouver dans les choses imparfaites et éphémères. En appréciant l'imperfection, nous pouvons trouver la joie dans les petites choses et vivre une vie plus épanouissante.
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